Ipsos s’empare de Synthesio pour se renforcer dans le social listening.
Nicolas Rauline (bureau de New York) le 31/10/2018
Le groupe, spécialisé dans les enquêtes d’opinion, met sur la table plus de 50 millions de dollars pour acquérir la société spécialisée dans l’analyse des données sur les réseaux sociaux.
Ipsos va injecter un peu de sang neuf dans son modèle. Le groupe a finalisé l’acquisition de Synthesio, une start-up française spécialisée dans la veille sur les réseaux sociaux et l’e-réputation et qui réalise la majorité de son activité à l’international, notamment aux Etats-Unis. Le montant de l’opération est supérieur à 50 millions de dollars, en cash. Ipsos acquiert ainsi 100% du capital. Synthesio comptait notamment, parmi ses investisseurs, les fonds Idinvest et Entrepreneur Venture, ainsi que bpifrance.
« Ipsos était un de nos clients. Dans le courant de l’année, ils se sont montrés intéressés par une acquisition et l’offre est venue à un moment où nous étudions plusieurs possibilités : une nouvelle levée de fonds, une introduction en Bourse … » raconte Loïc Moisand, cofondateur de Synthesio, installé à New York depuis six ans et qui va rentrer en France après l’opération.
Le marché des introductions en Bourse n’étant pas très favorable, le projet d’Ipsos a fini par convaincre l’équipe dirigeante. « Nos offres se complètent, la société va continuer à exister de manière autonome, la marque demeure, tout comme les équipes et la direction. Il y a eu beaucoup de consolidation récemment et il devient de plus en plus difficile de rester indépendant sur ce marché, poursuit Loïc Moisand. S’adosser à un grand groupe était la meilleure solution. »
Deux des principaux concurrents de Synthesio, le britannique Brandwatch et l’américain Crimson Exagon, ont en effet fusionné il y a quelques semaines. Quant au français Mention, il a été repris par le suédois Mynewsdesk.
Pour Ipsos, il s’agit d’aller chercher de la croissance sur des métiers en perte de vitesse. Sur les neufs premiers mois de l’année, le groupe a enregistré une baisse de son chiffre d’affaires de 4.3%. Il va s’appuyer sur Synthesio pour proposer à ses clients des offres couplant des enquêtes d’opinion classiques et l’analyse des données publiées sur les réseaux sociaux.
Relais de croissance :
Synthesio, créé en 2006, compte 130 salariés, dont une cinquantaine en France, et de nombreux ingénieurs et data scientists. La société possède des bureaux en France, à New York, à Londres, Singapour et Bruxelles (depuis le rachat l’an dernier du belge Social Karma). Elle réalise la moitié de son chiffre d’affaires aux Etats-Unis, contre 15% environ dans l’Hexagone. Elle a fortement diversifié son portefeuille de clients, qui va du Nasdaq à Toyota, en passant par L’Oréal, Kering, MasterCard Incorporated ou Shell.
Une présence internationale partagée par Ipsos, pour qui la région Europe, Moyen-Orient et Afrique ne représente plus que 44% des revenus, 36% pour l’Amérique, et 20% pour l’Asie-Pacifique, la seule région en croissance. Le groupe a récemment renforcé sa présence en Inde et en Chine. Mais il connaissait des difficultés conjoncturelles en Amérique du Nord ces derniers mois : le dynamisme de Synthesio sur le continent pourrait l’aider à trouver des relais de croissance. « Le rachat de Synthesio fait partie de notre projet « Total understanding » et ses objectifs d’acquisitions ciblées. Cela renforcera les technologies d’Ipsos, notre connaissance de la veille sociale et notre gestion des données issues des médias sociaux » a commenté de PDG d’Ipsos, Didier Truchot, dans un communiqué.